L’artiste electro canadien Com Truise nage dans les eaux froides mais envoûtantes de la synthwave des années 80. Une belle alternative aux explosifs Carpenter Brut.
Cool before it was cool. On est aujourd’hui submergé par la nostalgie 80’s. Qu’il s’agisse de musique (Juliette Armanet, Fischbach, Carpenter Brut), de séries (le phénomène Stranger Things, The Americans, Twin Peaks, les resucées de K2000 ou MacGyver), de films (Robocop, Terminator, Ça…) ou de jeux vidéo (Hotline Miami, Sonic Mania, etc.). Les années 80 sont un peu partout sur nos écrans et dans nos oreilles.
Mais il y en a un qui a saisi tout l’intérêt des trésors sonores créés dans les années 80 avant tout le monde. C’est Com Truise. Le Canadien explore depuis 2010 ce qui était alors des territoires musicaux délaissés car jugés ringards. Ses morceaux synthétiques, qui renvoient à une époque où le Minitel existait encore, se dégustent comme autant de petites canettes de Tang bien fraîches.
Car son style, qui évolue peu entre ses différents albums (Galactic Melt en 2011, In Decay en 2012 et récemment Iteration en juin dernier), est assurément froid. Des voix rares et toujours synthétiques, des synthés lancinants, des lignes mélodiques presque liquides… Ecouter un morceau de Com Truise, c’est comme plonger au fond des abysses d’un océan. Isostasy est le parfait exemple de morceau que l’on verrait bien habiller un niveau sous-marin d’un jeu vidéo.
A la différence de Carpenter Brut qui adapte, récupère, tord dans tous les sens les sonorités des années 80, Com Truise les épouse entièrement. Chez lui, le synthé est roi. Pas de guitare ni de cordes d’aucune sorte pour exploser les codes. Mélodie, percussions, voix, tout passe à l’aune du synthé chez lui. Ce qui nous donne un style velouté, mécanique et désincarné.
Mais cette froideur presque mathématique (l’itération est une formule de maths signifiant la répétition d’un processus) ne doit pas rebuter. Au contraire, dans ces longues nappes sophistiquées, se cachent des percussions bien plus chaudes et énergiques. Il y a beaucoup de remous dans les eaux apparemment calmes de Com Truise.
Surtout, bien que précurseur, l’artiste ne donner pas l’impression de « faire » vintage. S’il joue à plein la carte de la nostalgie des années 80, il n’est pas tombé dans l’écueil du vieillissement artificiel de ses œuvres. Les arrangements sont léchés. Les instrumentations propres. Le son est clair. Pas de grésillement rappelant celui d’un vinyle rempli de poussière ici. Com Truise (de son vrai nom Seth Haley) produit encore en 2017 le meilleur son electro sorti tout droit de l’année 1985.
Et oui. Com Truise est une contrepèterie de Tom Cruise. Pourquoi? On ne sait pas. Est-ce vraiment important?
Iteration est sorti le 15 juin 2017.