Avec « Lotta Sea Lice », Courtney Barnett et Kurt Vile ont transformé leur amitié en un album folk solaire.
En écoutant « Lotta Sea Lice« , on reconnaît immédiatement la voix délicieusement traînante de l’Australienne Courtney Barnett. Et la dextérité à la guitare de Kurt Vile, à la limite du shoegaze, est toujours aussi surprenante. Mais de cette fusion de ces deux représentants d’un rock plein d’acidité, dérangeant même, on obtient un album beaucoup plus doux qu’amer. Deux négatifs forment toujours un positif en mathématiques. C’est ce qu’il s’est passé avec « Lotta Sea Lice« .
C’est bien simple. On ressent tout au long de cet album de ce court album de neuf titres toute la complicité qui unit les deux rockeurs. Qu’ils chantent en duo, lui toujours un ton plus bas qu’elle (« Outta The Woodwork« , « Blue Cheese« ) ou l’un après l’autre (l’excellent morceau d’ouverture « Over Everything« ). On ressent cette profonde amitié tissé par delà les continents. Elle, l’Australienne qui a chanté en première partie du natif de Philadelphie voici quelques années.
Cette amitié fait d’ailleurs l’objet d’une chanson des neuf titres qui composent « Lotta Sea Lice« . Dans le rafraîchissant « Continental Breakfast », Kurt Vile et Courtney Barnett nous racontent, amusés, comment ils vivent leur histoire à longue distance: « I cherish my intercontinental friendships/We talk it over continental breakfast/In a hotel in East Bumble-wherever/Somewhere on the sphere, around here. »
Les deux compères vont plus loin encore. Chacun reprend une chanson de l’autre. « Outta the Woodwork » pour Kurt Vile et « Peepin’Tom » que Courtney Barnett transcende littéralement. On retrouve même « Fear is like a forest » de Jen Cloher. La songwriter et compagne de Barnett.
Finalement, on retrouve dans « Lotta Sea Lice » tout ce qui fait le sel de ces deux artistes séparément : beaucoup d’autodérision, de la désinvolture, des accords de guitare dantesques et un songwriting aux petits oignons. Mais tout apparaît plus adouci. Moins rude. L’absence de guitares électriques et de percussions renforçant ce sentiment.
On peut le regretter si on a adoré, c’est notre cas, le moqueur « Sometimes I sit and think, and sometimes I just sit » de Courtney Barnett. L’album qui l’a révélée au monde entier en 2015. Mais on ressent une telle complicité dans cette collaboration, aux arrangements léchés, qu’il faudrait être un bien triste sire pour ne pas s’émerveiller. Une conversation plaisante entre deux amis, où l’on se découvre sans crainte. Qui n’a pas envie d’y participer?
« Lotta Sea Lice », sorti le 13 octobre 2017.