A l’aise aussi bien en acoustique qu’avec des machines, l’anglaise Denai Moore séduit par sa voix pure et ses compositions fragiles.
Du haut de ses 23 ans, Denai Moore a déjà bien chamboulé la scène folk et soul anglo-saxonne. Porteuse d’une voix sublime dont l’élasticité et la puissance n’a rien à envier à une Adele (elles partagent d’ailleurs le même producteur, Rodaidh Mcdonald), Denai Moore apporte un renouveau bienvenu. Loin de la folkeuse qui se promène au milieu des bois, guitare sur le dos, elle chante, tantôt avec douceur, tantôt avec force, son mal-être.
Née en Jamaïque d’un père musicien, Denai Moore s’est tournée d’abord vers Flume et Bon Iver pour des reprises. C’est de là qu’elle tient sa spécificité. Souvent accompagnée d’une guitare sèche ou d’un piano dans ses morceaux, elle y ajoute régulièrement des sons synthétiques variés. Beatbox, synthés, boucles, tout y passe. Et c’est d’autant plus vrai dans son dernier single qui vient de sortir « Trickle ».
Il est d’ailleurs assez représentatif du style de Denai Moore. Entre sa voix soul et quelques drops propres à ce genre et les nombreux synthés, on y retrouve des instruments plus classiques. En résulte alors un titre puissant et dansant. Et en même temps terriblement fragile grâce à la voix lancinante de Denai Moore et ses textes. Elle voit d’ailleurs ses chansons comme un moyen de soigner de anxiété. Et par ricochet, la nôtre.
Multi-instrumentiste et derrière l’écriture de ses chansons, la surdouée anglaise a ainsi un contrôle total sur ses productions. D’où cette grande variété que la chanteuse revendique. On notera toutefois que plus le temps avance et plus les machines remplacent les instruments classiques. Elle fait d’ailleurs parfois complètement l’impasse sur ces derniers, tirant davantage vers l’electro-folk. Comme un certain Bon Iver.
Son dernier album, « Elsewhere » est sorti le 30 mars 2015.