Treize ans. C’est le temps qu’il a fallu aux anglais de Flotation Toy Warning pour sortir le second album. Spoiler: ça valait la peine d’attendre.
Les fans n’y croyaient plus. Après un album très remarqué en 2004, « Bluffer’s Guide To The Flight Deck », le groupe pop Flotation Toy Warning semblait avoir disparu des radars. Et pourtant, treize ans après – une éternité pour la musique – ils reviennent de très loin avec leurs machines bizarres, leurs orchestrations léchées et – heureusement – un sens certain pour surprendre les oreilles de l’auditeur.
On ne remerciera d’ailleurs jamais assez Sean Bouchard, derrière le label bordelais Talitres, pour les avoir poussés à créer ce nouvel album. Au forceps d’après ce que l’on a compris.
Cela se ressent d’ailleurs autant dans les paroles que dans la musique de cet opus intitulé « The Machine That Made Us ». Que dire de l’excellent « Everything that is difficult will come to an end »? Le titre est révélateur. Les paroles, encore plus explicites: « It justifies the harm we do/Wrapped up in pretty songs for you ».
La fabrication, l’apprentissage, sont des thèmes centraux de cet opus où le chanteur Paul Carter raconte toutes ses difficultés à créer, à changer : « The art of failure really has no school / There is no handbook on how to be a fool » (« To live for longer slides »). Ecouter « The Machine That Made US », c’est ressentir toute la souffrance à accoucher dans l’urgence de nouvelles idées.
La musique s’en ressent tant elle est changeante. Ce qui était déjà une marque de fabrique du quintet s’en trouve renforcé. Des sons saturés surprennent l’auditeur. De nouveaux instruments apparaissent soudainement au beau milieu de la chanson et le ton, souvent doux et mélancolique, se fait plus agressif.
La longueur des morceaux, dépassant souvent les cinq minutes – voire 12:37 pour le final « The moongoose analogue »- permet de ressentir toute la variété des influences du groupe (pop, electro, lyrisme). Même si l’on ne peut s’empêcher de penser au défunt David Bowie avec la voix aigre-douce de Paul Carter et les instrumentations évanescentes.
On ne saurait que trop conseiller d’écouter l’intégralité de Flotation Toy Warning tant la cohérence entre les deux albums est sensible. Sans doute si ce second opus était sorti rapidement après le premier, on l’aurait un peu moins apprécié. Car rien ne ressemble tant à Flotation Toy Warning que Flotation Toy Warning lui-même. De l’attente né le désir disait Casanova. L’attente fut longue. Le plaisir, immense.
« The Machine That Made Us », sorti le 16 juin 2017. Tournée en octobre.