Le duo de Denver à l’esthétique disco semble s’être donné pour mission de concevoir des chansons parfaites pour les slows.
Avec son imposante tignasse blonde bouclée et ses tenues aussi scintillantes qu’une veste des Bee Gees, on pourrait croire qu’Alaina Moore, aux côtés de son mari Patrick Riley, se soit lancée dans un projet revival qui sent bon les années 70. Point de disco pourtant dans sa production. La native de Denver (Colorado) verse plutôt dans l’indie-pop doucement nostalgique et rétro. Une gourmandise sucrée qui se déguste doucement. C’est Tennis.
Car la lenteur, c’est ce qui représente le duo Tennis. Point ici de riffs enragés, de claviers énervés et d’octaves chamboulées. Tout ici se joue mid-tempo, ni trop lent, ni trop rapide. Des chansons parfaites pour bouger avec précaution son corps contre celui que l’on désire, le temps d’une danse ou plus si affinités.
Ce qui peut sembler être un contresens tant la chanteuse de 33 ans déteste les morceaux taillés pour le dancefloor où l’on s’enivre de gros sons jusqu’à ne faire plus qu’un avec la musique. Avec sa basse bien découpée qui donne un rythme très groovy à chacun de leurs morceaux et du piano ajoutant ici et là une certaine légèreté toute aérienne (comme dans « Ladies don’t play guitar »). Une véritable chaleur se dégage de Tennis. L’harmonie certaine de leur album « Yours Conditionally » (sorti en mars 2017), composé sur… un bateau dans le Pacifique étant cependant troublé, volontairement, par le songwriting du duo.
On retrouve tout aussi bien de la très classique chanson d’amour comme la jolie « Fields of blue » que le sarcastique « Ladies don’t play guitar » où Alaina Moore chante (« Ladies don’t play guitar/Ladies don’t get down down to the sound of it/ Maybe we can play pretend ») tout en jouant bien sûr de la guitare.
Dans leur dernier EP, sorti en novembre dernier, la chanson « No Exit », Tennis se montre plus taquin. La chanson moque les morceaux conçus pour remuer du popotin comme un forcené que l’on retrouve un peu partout dès que l’on allume la radio.
Un style qui provoque un certain malaise pour le groupe de pop rêveuse : « I am ecstatic like a hymn/In that the feeling’s disciplined. » Tennis est bien plus à l’aise quand il s’agit de nous remplir d’énergie façon alignement des chakras avec du yoga qu’avec une dose de cocaïne. Des années 70, ils n’en ont pris que le plus sain.