On a pu écouter en avant-première le premier album des Caennais de Talma Suns, « Wide-eyed ». On a adoré.
Talma Suns est né sur les cendres de Kim Novak, précédent projet du chanteur Jérémie Nies. Pour son premier album, « Wide-eyed », il a conservé sa voix grave, un brin nasillarde, qui impressionne toujours pas les profondeurs dans lesquelles elle peut se plonger. Avec l’aide d’Hugo Lamy (basse) et Boris Collet (batterie), Jérémie Nies y ajouté des sonorités pop-rock très américaines. On pense à The National, Lewis del Mar ou encore les Beach boys (notamment pour le morceau très surf music « Burning heart »). Une musique entièrement au service du chanteur et de sa voix peu commune.
On le ressent dès le premier morceau de « Wide eyed », « Marianne ». Où les cordes sont omniprésentes mais ne débordent jamais la voix de Jérémie Nies. Talma Suns, c’est la puissance d’une voix basse, qui ne s’éraille jamais et ne tombe pas dans l’écueil du sirupeux.
Mais surtout, le chanteur parvient à contenir un rock que l’on sent enragé (« The line »). Quand, parfois, les cordes se lâchent, Jérémie Nies en reprend rapidement les rênes de sa voix apaisante. « The only way » est d’ailleurs très représentatif de cette impression générale. Durant les ponts, guitare (jouée par Jérémie Nies) et basse s’en donnent à cœur joie, avant d’être étreintes doucement par le Caennais.
En résulte alors un album tout en tension, comme prêt à exploser. On en est d’ailleurs pas loin dans « Trouble » et sa batterie très présente et, au contraire, un Jérémie Nies plus en retrait. Par ailleurs, il s’agit de la chanson la plus courte de l’album, comme si Talma Suns ne voulait jamais libérer sa colère.
Attention, n’allez pas croire qu’il s’agit d’un défaut. Bien au contraire. Ce contrôle permanent de la voix nous offre des morceaux classieux, du genre que l’on écoute avec un verre de whisky à la main. Ou, dans le cas de « For you », des mouchoirs, tant cette chanson est parfaite dans une playlist post-rupture.
« For you » est d’ailleurs la preuve que Talma Suns n’est jamais aussi à l’aise qu’en basse-voix. La preuve notamment par sa longueur. Huit minutes. Une rareté dans le milieu pop-rock. Mais c’est le temps qu’a voulu prendre le groupe pour s’exprimer dans cet album légèrement amer. Pour bien écouter Talma Suns, il faut prendre son temps et en savourer chaque seconde.
« Wide-Eyed » sort le 7 avril 2017 via le label Kütu Records (en édition limitée cousue main).